Les "Ryû" (écoles)
Pour analyser, ou faire une liste des domaines que nous étudions dans notre art, plusieurs classifications sont possibles et se recoupent.
En tant que pratiquants de l’école Bujinkan, voici les écoles que nous étudions et leurs spécialités :
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Koto Ryû : combat à mains nues visant les os du corps humain, sauts, …
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Gyokko Ryû : combat à mains nues utilisant les doigts et les os, défense contre un assaillant armé, …
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Shinden Fudô Ryû : combat à mains nues, combat au sabre, techniques pour ligoter quelqu’un, …
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Tôgakure Ryû : combat à mains nues, combat au sabre, acrobaties, utilisation d’armes cachées (Shuko, Metsubushi, Shikomi Zue, Shuriken,…), escalade, dissimulation, développement de l’intuition, …
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Kukishinden Ryû : combat à mains nues, combat en armure, stratégies, combat avec et contre armes : sabres (Katana, Kodachi), bâtons (hanbô, Jô, Bô), lances et hallebardes (Yari, Naginata, Bisentô), Jutte, …
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Takagi Yôshin Ryû : combat à mains nues, immobilisations, défense contre un assaillant armé, travail du Kiai, …
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Gikan Ryû : combat à mains nues visant les os du corps humain, …
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Kumogakure Ryû : combat à mains nues, utilisation de la lance, dissimulation, orientation et survie
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Gyokushin Ryû : combat, dissimulation, stratégies, …
En tant que pratiquants de Ninjutsu, voici les 36 arts (Ninja no Sanjurokkei) que nous devons étudier :
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Taijutsu (combat à mains nues)
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Kenjutsu (sabre)
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Bôjutsu (bâton long)
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Jôjutsu (bâton moyen)
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Hanbôjutsu (bâton court)
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Yarijutsu (lance)
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Naginatajutsu (hallebarde)
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Kusarijutsu (chaîne)
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Teppojutsu (armes à feu)
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Seishin Teki Kyoyo (développement philosophique et spirituel)
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Kusarigamajutsu (faucille avec chaîne)
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Tantôjutsu (couteau)
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Juttejutsu (arme d’arrestation)
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Tessenjutsu (éventail de guerre)
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Bajutsu (équitation)
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Kyujutsu (tir à l’arc)
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Shurikenjutsu (armes de jet)
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Reiho (stratégies)
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Chimon Tenmon (utilisation du terrain et du ciel, utilisation des étoiles et de la météo, astrologie)
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Kuji in / Kuji Kiri (méthode de concentration des énergies)
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Shinobi Iri (déplacement silencieux et infiltration)
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Gotonpo (camouflage et dissimulation)
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Hensojutsu (déguisement, changement de caractère et d’apparence à volonté)
Pour être un bon Ninja, il est nécessaire de maîtriser au moins 8 domaines (Ninja no Hachimon) qui sont :
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Kiai (se mettre en harmonie avec son environnement)
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Taijutsu (combat à mains nues)
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Kenjutsu (utilisation du sabre)
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Yarijutsu (utilisation de la lance)
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Shurikenjutsu (utilisation des étoiles, pointes et armes de jet)
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Kajutsu (utilisation du feu, des explosifs, des fumigènes,…)
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Yugei (étude des arts classiques : art du Thé, danse, peinture, musique,…)
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Kyomon (stratégies, éducation et transmission des connaissances)
Après toutes ces énumérations, vous aurez compris que notre art martial aborde de très nombreux domaines d’étude et qu’il n’est pas facile de tout maîtriser. Le travail technique est long et il est difficile de se dire que l’on a tout étudié et que l’on est expert en tout.
Néanmoins, après quelques années d’un tel entraînement, le pratiquant se retrouve prêt à affronter toutes sortes de situations dangereuses. Il est évident qu’un pratiquant spécialisé, ne faisant que du sabre toute sa vie (ou du bâton, ou un art de frappe exclusivement) pourra battre un pratiquant polyvalent sur son terrain (comme un coureur spécialisé battra un pratiquant de plusieurs sports à la course).
Mais la polyvalence du pratiquant lui permettra à tout moment de changer les règles du jeu pour battre le spécialiste sur un autre terrain (exemples : lutter et rentrer au corps à corps avec un boxeur ou un sabreur, frapper un lutteur spécialisé en saisies, prendre une arme face à un pratiquant qui est à mains nues, utiliser une arme improvisée face à de multiples agresseurs,…).
L’arme principale du pratiquant reste cependant son esprit car il faut être prêt à réagir naturellement et fluidement face à toute situation dangereuse. De nos jours, le danger n’est pas toujours présent sous forme d’agression, mais parfois il s’agit simplement d’un camion que l’on doit esquiver en traversant, d’une chute en courant ou dans les escaliers, d’une estimation du danger lorsque l’on se retrouve au volant de sa voiture, …
À un autre niveau, la notion d’agression et de survie se retrouve dans notre vie quotidienne par la gestion du stress, la gestion ou modération de ses dépendances (tabac, excès ou mauvais équilibre alimentaire, alcool, …), le choix et l’aménagement de son lieu de résidence (exemple : habiter un quartier très malfamé présente souvent plus de dangers d’agression qu’habiter à la campagne ou dans un quartier tranquille !), la gestion de ses ressources (exemple : avoir un salaire stable ou des "rentes" est un meilleur gage de survie en société qu’être bénéficiaire d’allocations souvent provisoires…).
Attention, nous ne prônons pas un mode de vie précis plutôt qu’un autre, mais si l’on y réfléchit bien, un certain nombre d’éléments entre directement en compte pour aborder pleinement la notion de survie et de danger au 21ème siècle et dans nos sociétés civilisées (à court, moyen, ou long terme)…
Enfin, "last but not least" (dernier mais pas des moindres), l’acquisition d’une certaine sagesse (philosophie) devrait se retrouver chez tous les pratiquants ayant un minimum d’expérience.
Cependant, il ne suffit pas de conduire une voiture pour être un expert en mécanique. De la même façon, certains pratiquants d’arts martiaux (chez nous comme ailleurs) parlent de philosophie sans vraiment savoir (ou oser) l’appliquer. Il s’agit alors souvent d’un rêve utopique qu’ils aiment à évoquer lors de discussions avec d’autres pratiquants (ou élèves) intellectuellement curieux. Si l’on écoute Hatsumi Sensei, celui-ci évoque souvent l’aspect philosophique de la pratique. Il a sa propre vision des choses comme tous les artistes (il est peintre et écrivain), mais il insiste sur le fait de ne pas se limiter à une simple pratique technique.